MOBILISEZ-VOUS A TOUSSUS

Publié le par Touring

RESTRICTIONS

 

MOBILISEZ-VOUS A TOUSSUS

 

Sous la menace de restrictions d’utilisation de la plate-forme à brève échéance, les utilisateurs de la plate-forme de l’ouest parisien se mobilisent pour réagir. Sous l’impulsion de l’ADATE (Association de défense de l’aéroport de Toussus et son environnement), présidée par Christine Ascione, les utilisateurs de l’aérodrome vont multiplier les démarches pour contrer les mesures qu’envisage de mettre en place le ministère des Transports… à la demande de Valérie Pécresse.

Comme indiqué sur ce blog, il s’agit d’imposer des «plages de silence», soit l’absence de mouvements aériens à certaines heures, les week-ends et jours fériés, le tout éventuellement complété d’une plage de limitation en fin de journée. Si les informations précises sur les mesures pratiques étudiées n’ont pas été diffusées aux utilisateurs, un article paru dans Le Parisien daté d’hier montre que des chiffres circulent et que tous les maires souhaitant ces limitations, à défaut de fermeture du terrain, sont bien dans la boucle - seul celui de Toussus-le-Noble s’est opposé à ce projet.

Même la FFA a compris qu’il s’agit d’un dossier capital qui peut faire jurisprudence, avec des mesures étendues ensuite à d’autres plates-formes parisiennes comme Saint-Cyr l’Ecole dans un premier temps, puis d’autres aérodromes proches de grandes villes dans la France entière. D’où la nécessité d’une mobilisation massive des pilotes parisiens, via les différentes associations de défense des aérodromes car le dossier Toussus est emblématique des difficultés à venir ici et ailleurs par la suite…

A écouter les «politiques», la diminution d’activité serait minime alors que les clubs et sociétés implantés sur l’aérodrome ont déjà une économie «tendue» et que les limitations d’activité, si elles deviennent réalité, auront un impact sur l’économie (heures de vol des clubs et écoles, ateliers radio et de maintenance, etc.). L’avenir de sociétés et de clubs est en jeu. La mesure de l’impact économique a été établie et une réunion des usagers devait avoir lieu ce jour avec Patrick Gandil, directeur de la DGAC - on reste dubitatif sur les résultats escomptés…

Les usagers, réunis chaque année dans une commission où siègent utilisateurs, riverains et les maires des… 8 communes concernées par la plate-forme, ont déjà mis en place des mesures par le passé pour limiter les nuisances (repères au sol pour respecter le circuit, diffusion de l’information, poster pédagogique, etc.) sans que les résultats ne satisfassent les riverains. Il a été demandé de relever le plancher de la TMA pour rehausser la hauteur du tour de piste mais ce projet s’est heurté à la résistance d’Orly…

On ne pourra que regretter la trop grande passivité du monde aéronautique en général pour prendre à bras le corps le dossier des nuisances sonores ces dix dernières années. Un programme ambitieux d’équipement en silencieux et de pression sur les constructeurs aurait pu améliorer la situation - seuls 39 avions (généralement de nouvelle génération avec des Rotax sur P2002 ou AT3) sont autorisés à Toussus durant les plages de «moindre bruit» sur les quelques 400 aéronefs basés…

En attendant, le projet d’arrêté devrait sortir du chapeau courant juin, avec une période de deux mois pour le contrer - ce que ne manquera pas de faire l’ADATE via une action de fond avec avocat. Il faudra donc rester vigilant même pendant les grandes vacances… Des actions plus médiatiques sont à l’étude. Une pétition circule déjà. Des soutiens sont recherchés parmi les utilisateurs de l’aviation d’affaires (15.000 mouvements par an) pour épauler l’aviation légère (90.000 mouvements), avec une nécessaire solidarité car si l’aviation légère périclite, cela ne sera pas au bénéfice de l’aviation d’affaires comme certains pourraient le croire à court terme mais bien au détriment de l’aviation en général. A Toussus, il est déjà question de ne plus pouvoir assurer un contrôle 7 jours sur 7, faute de personnel suffisant dans la tour ! La France, qui se targue de figurer dans les nations les plus développés en matière d’aviation (d’Airbus à Eurocopter) ne serait ainsi pas capable d’avoir un aéroport digne de ce nom pour l’aviation d’affaires alors que Londres en compte plusieurs.

Rappelons que sur les 180.000 mouvements autorisés d’après l’arrêté de 1973, moins de 120.000 mouvements sont effectués annuellement, ces dernières années. Si l’antériorité de l’aérodrome n’est plus un argument valable face à une urbanisation galopante, il n’en demeure pas moins que bon nombre d’aérodromes parisiens sont en train de se faire englober par les constructions avec une tendance qui va s’accentuer au fil du temps…

Sur qui peuvent compter les usagers ?

Ce ne sera pas le pétrolier local (Total) dont l’activité annuelle à Toussus ne doit pas représenter plus que le plein d’une poignée d’A380 à Roissy. L’aide ne viendra pas plus de l’exploitant de la plate-forme, Aéroports de Paris (ADP) dont le patron, Pierre Graff, est un ancien… directeur de la DGAC, souhaitant garder de bonnes relations avec son ministre des Transports, surtout lors des chutes de neige à CDG ! De plus, ces dernières semaines, ADP évoque la relance du Bourget comme terrain d’aviation d’affaires, pourtant incompatible par ses multiples contraintes avec une aviation d’affaires à hélices (pistons et turbines).

La DGAC, au mieux, restera un «partenaire» passif car cette administration fera ce que son ministre lui demandera de faire. Imaginer l’inverse relève de l’utopie.

Il faut rappeler que la DGAC a lancé un programme (Génial ou Calypso) visant à labeliser tous les avions à pas fixe, en quantifiant leur signature sonore, pour septembre 2012 afin de définir ensuite leur domaine d’activité sur certaines plates-formes. Ce projet a fait l’objet d’un article dans Piloter n°28 sans émouvoir outre-mesure le milieu aéronautique alors qu’il s’agit là d’une orientation bien en phase avec les restrictions menaçant désormais Toussus et d’autres aérodromes…

Il est impératif de faire circuler ces informations dans tous le milieu aéronautique (pas uniquement celui de la région parisienne, encore moins uniquement celui de Toussus) car tous les pilotes, à courte ou moyenne échéance, seront concernés. Dans ce domaine, on le sait, face au monde politique, il ne faut pas croire aux promesses ou aux vagues explications (la fermeture de Fréjus et de Guyancourt sont là pour raviver les mémoires…). La seule solution, toujours désagréable pour les politiques en quête d’électeurs, c’est de «faire du bruit» - au sens figuré s’entend !

Vous l’avez lu sur www.pilotermag.com

 

 

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